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des langues romanes par Frédéric Diez. En parcourant les 465 pages de ce volume[1], où le goût de l’artiste s’unit si bien à la scrupuleuse exactitude de l’érudit et aux aperceptions synthétiques du vrai savant, on se sent tout pénétré de l’esprit novo-latin, on sent, on comprend et on aime toutes ces formes si originales et si pittoresques de ce que j’appellerai le style commun des nations romanes. Puis, comme toutes les nuances qui séparent, par exemple, la syntaxe espagnole de la syntaxe italienne ou de la syntaxe française sont heureusement accusées par l’habile rapprochement de textes empruntés aux meilleures sources, toujours indiquées d’ailleurs ! Et maintenant, supposez un travail analogue exécuté avec le même talent pour les langues germaniques, pour les langues slavonnes, etc., etc., et, — croyez-en la loi divine du progrès, — le Bopp de la syntaxe indo-européenne comparée ne se fera pas longtemps attendre.

Je m’arrête, car j’ai dit l’état présent de la science positive des langues indo-européennes sans négliger l’indication des perfectionnements ou des compléments qu’il est permis d’espérer dans un avenir plus ou moins rapproché. Si, dès aujourd’hui, j’avais voulu montrer ce que projettera de lumière féconde sur l’étude du génie aryaque le parallèle de la parole sémitique et du parler tatare ou du parler chinois, on m’eût peut-être accusé de dépasser de beaucoup les limites d’un article d’initiation fait pour ouvrir le premier fascicule d’un recueil spécial. Aussi bien ai-je préféré ne pas sortir de l’ensemble de la phonologie, de la lexiologie et de la grammaire des langues de l’Europe et de l’Inde.

H. Chavée.
  1. C’est le tome III de la Grammaire des langues romanes.