Page:Revue de linguistique et de philologie comparée, tome 1.djvu/418

Cette page a été validée par deux contributeurs.
404 —

voir, par exemple, les z remplacer les s. Il serait temps d’adopter un alphabet harmonique rationnel.

Il résulte de l’examen qui vient d’être fait, qu’il y a encore beaucoup de questions à résoudre pour que rien ne reste obscur, inconnu, inexpliqué dans la constitution du basque. Quelles sont ses lois phonétiques ? est-il possible de retrouver le sens des postpositions ? quelles sont les racines primitives monosyllabiques ? y a-t-il des exceptions à cette loi générale ? Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer toutes les questions qui doivent se présenter à l’esprit du linguiste. Des écrivains ont paru récemment attacher une grande importance à l’entrée du basque dans une famille de langues déjà analysées et définitivement classées. Il me semble que la recherche de cette parenté doit être différée jusqu’à ce que l’analyse du basque ait été complètement terminée. Pour moi, le basque me paraît être une langue agglutinante, mais dans une période voisine de la flexion. Les formes modificatrices peuvent s’affixer indifféremment aux noms et aux verbes : donc, en réalité, la distinction des mots n’existe pas ; elles s’y ajoutent sans changement, sans altération du mot ; elles peuvent même s’ajouter l’une à l’autre, ce qui n’a pas lieu dans les langues indo-européennes et sémitiques ; donc ce ne sont pas des flexions, bien qu’elles aient perdu pour la plupart leur sens primitif. Mais je ne crois pas qu’on puisse encore dire si le basque forme une famille isolée ou s’il appartient à une famille déjà classée.

Malgré leur insuffisance, les ouvrages dont nous avons parlé ne sont pas inutiles. Ils ont préparé la voie à un basquisant sérieux qui sans doute entreprendra bientôt l’étude définitive du basque, en appliquant complètement à cette langue remarquable la méthode de la philologie moderne. Alors le basque cessera d’être une sorte d’épouvantail ; on reconnaîtra, ce qu’avouent déjà quelques personnes, que l’étude,