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mots basques ou soi-disant tels avec des mots sanscrits, latins, etc. Quelques arguments sont tirés de la Bible ; ce ne sont pas les plus solides.

Néanmoins, cet ouvrage témoigne d’un esprit de recherche très ardent, d’une préoccupation sincère de la solution du grand problème des races. Mais pourquoi l’auteur a-t-il négligé le caractère principal des langues qu’il a comparées, le système grammatical qui sépare d’une manière si tranchée les divers groupes humains ? Je dois cependant recommander ce livre ; tel qu’il est, il peut encore apprendre beaucoup à un lecteur prudent et attentif.

En définitive, si l’on veut étudier le basque, on trouve peu de bons livres ; il n’existe aucun dictionnaire. Le meilleur moyen, qui malheureusement n’est pas à la portée de tout le monde, est celui qu’emploie le prince L.-L. Bonaparte, et qui consiste à faire de nombreuses excursions dans le pays en causant avec les vieillards, en interrogeant les lettrés des villages, etc. Mais le prince Bonaparte a grand tort peut-être de ne rien publier encore. En cherchant trop la perfection, il retarde le mouvement scientifique et s’expose, bien qu’il soit probablement l’homme d’Europe qui sache le mieux le basque, à se laisser devancer.

On voit, par l’analyse rapide que nous venons de faire, qu’il y a deux sortes de personnes qui écrivent sur le basque, les Basques et les étrangers. Les premiers, naturellement fiers de leur langue, persuadés qu’elle ne peut être suffisamment apprise par ceux qui ne sont pas nés dans le pays, fort peu linguistes pour la plupart, et croyant qu’il est absolument indispensable pour juger une langue de pouvoir la parler couramment, pleins d’idées préconçues, n’ont généralement rien fait que préparer des matériaux pour des explorateurs plus sages. Tous ces écrivains se divisent d’ailleurs en deux catégories : les savants, et ceux-là sont en mesure d’arriver