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vation qui fera sourire : je n’ai pu m’expliquer l’importance exceptionnelle que l’auteur donne au langage d’Itçasu ; je ne sais par quel hasard cet heureux village a été distingué par M. Baudrimont à un point tel qu’il écrit (p. 185) qu’aux quatre dialectes principaux « il faudrait peut-être en ajouter un cinquième, celui d’Itsasso, qui offre des particularités vraiment remarquables, surtout dans la prononciation. » Je présume que le prince Bonaparte, qui connaît si bien la géographie de la langue basque, sera joyeusement étonné de cette découverte merveilleuse.

La troisième partie de l’Histoire des Basques primitifs contient une théorie ethnographique tout à fait contraire aux données de la science actuelle ; on peut la résumer de la manière suivante : toutes les races dérivent d’une source unique dont les Basques faisaient partie ; les Basques se divisent en deux sous-races, l’indo-germanique (Sanscrits, Latins, Germains, Celtes, Slaves, Finnois), et la sémitique (Hébreux, Syriaques, Chaldéens, Arabes). La langue basque ayant peu varié (où en trouve-t-on la preuve ? il ne serait peut-être pas si difficile de démontrer le contraire), est la langue mère des idiomes de toutes ces races. Les Basques, sortis du Caucase, vont d’abord habiter les régions circumpolaires de l’Asie ; puis ils redescendent en Chine où, se croisant avec les Mongols, ils donnent naissance aux Turcs ; ils entrent dans l’Inde où ils trouvent les Sanscrits leurs parents ; ils reviennent alors sur leurs pas et ont des rapports nombreux avec leurs autres parents les Sémites. Ils sont ensuite rejetés sur le Caucase, et de là passent (vers 1500 avant J.-C), le long de la mer Noire, en Italie, en Corse, en Espagne, et finalement se fixent dans les Pyrénées, pendant qu’une de leurs colonies se transporte en Amérique. Les Basques restés aux diverses stations sont donc les pères des races actuelles. Cette curieuse conception est fondée sur la comparaison de