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grec. C’est la preuve, dit-il, que la race ibérienne habitait le monde avant les Celto-Scythes ; ceux-ci sont venus du nord de l’Asie et leur langue s’est modifiée sous l’influence de l’idiome des peuples qu’ils ont dépossédés. M. Chaho avait d’ailleurs des idées assez justes sur la formation du langage.

En somme, son système n’est qu’à moitié faux, ses travaux sont sérieux, et il y a lieu de regretter sa mort prématurée, car il aurait certainement contribué pour une bonne part à l’analyse définitive du basque.

Je ne puis cependant résister au désir de citer une curieuse page des Études (p. 14) : « Contemplez l’homme qui se meurt : l’angle guttural reste ouvert et laisse errer la vocalea sur le ton le plus bas et le plus creux, dernier accent de la voix humaine, que nous appelons râle. Tout au contraire, dans une plénitude de force et de santé, lorsqu’un sentiment énergique de plaisir soulève, comme un levier, toutes les puissances de la vie, le brésilien fait entendre un cri d’allégresse hîî, sur une note aiguë, qui est certainement la dernière limite du chant dans chaque individu. Or, le cri de la nature est le nom que la langue brésilienne donne à l’Être suprême ! Ainsi se trouve fixée la valeur des vocales a, i. La vocale o, médium exact de la gamme parlée, est, dans sa valeur moyenne, une exclamation admirative. L’attention fortement excitée sur un objet fixe la machine physique dans l’immobilité, et c’est alors que l’homme, béant et ravi, fait entendre ce son harmonieux et plein. Je laisse à juger au lecteur s’il est inspiré, primitif, divin, le nom que les basques pyrénéens donnent à l’Éternel ; ce nom, qui par la réunion savante des deux sons extrêmes et du son médial de la voix humaine, combine les idées de vie et d’incarnation universelle et les confond dans un cri d’admiration : iao !.. Je dois ajouter une remarque que je voudrais graver sur