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dont le parvis leur est réservé. Dans la sombre église, on admire la piété universelle ; mais on s’attriste en découvrant sur tous ces visages la marque d’une intelligence encore endormie, en constatant l’influence énorme exercée par le clergé sur ces populations en retard. Pourquoi le pays basque a-t-il gardé cette physionomie spéciale ? La principale cause en est certainement la conservation de sa langue.

On sait que le basque a longtemps étonné les linguistes ; au moyen âge on l’appréciait pourtant convenablement. On lui rendait justice avant que la philologie eût pris naissance. Jules Scaliger en parle avec éloges, lui attribue une grande antiquité et y voit une langue mère ; Rabelais lui a donné une place dans le fameux chapitre ix du livre ii de Pantagruel. Cependant, l’Académie espagnole, longtemps après, le proclamait incompréhensible et en faisait le type de l’impossible ; au commencement de ce siècle, l’armée française n’y voyait qu’un patois gascon.

Le basque a quatre principaux dialectes : labourdin, souletin, gipuscoa et biscayen ; mais il faut dire, en outre, que d’un village à l’autre on remarque des différences souvent importantes. Il est donc superflu de rechercher quel dialecte représente le mieux la langue ; c’est seulement de l’ensemble de toutes les variétés qu’elle peut se dégager. Il faut une étude attentive et longue pour connaître suffisamment le basque, cet idiome harmonieux qu’on est ravi d’entendre lorsqu’il vous rappelle le souvenir de jours heureux passés dans l’extrême Orient, chez des populations analogues à celles-ci sous beaucoup de rapports.

Passant de l’Inde dans le pays basque, ces analogies m’ont frappé ; l’idée m’est venue de comparer les langages des Dravidiens à celui des Basques. J’ai dû, à cet effet, chercher à connaître les caractères particuliers du basque ; je me suis donc procuré les principaux écrits publiés jusqu’à présent sur