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que l’esprit perçoit entre le verbe et le pronom, c’est-à-dire entre l’action et l’être individuel qui reçoit ou exécute cette action.

Si cet être est l’objet de l’action, s’il est inactif devant elle ; s’il la reçoit, en un mot, le pronom, signe de l’être, reste tel quel dans sa terminaison et le nom passif est créé. Ainsi de DA, donner, sanskr. , et des pronoms démonstratifs TA et NA, l’aryaque fait aussi bien DAta, le donné, ce qui est donné, donné (lat. DAtus, data, datum), que DAna, le donné, la chose donnée, le don (Donum, sanskr. dânam).

Mais s’il veut indiquer le rapport de subjectivité de TA, celui-ci, devant DA, donner, du pronom par rapport au verbe, de l’être par rapport à l’action, il modifie ce même TA (ou SA, ou NA, ou KA, ou quelque autre pronom), soit en retranchant la voyelle finale, comme dans DAt, le donnant (TA faisant le DA), lat. dant- , soit en convertissant la voyelle moyenne du pronom en une voyelle extrême, I, U, comme dans DAsi, gr. δοσις, l’action de donner, soit, enfin, en lui attachant un R la plus vivante de toutes les consonnes, comme dans DAtar, sanskr. datr, lat. dator, gr. δοτηρ. De là, dans le système indo-européen, les séries contrastées de terminaisons objectives et de terminaisons subjectives (actives) ; le latin, pour son compte, reproduit les premières dans —tus, —ta, —tum ; —sus, —sa, —sum ; —nus, —na, —num, etc., tandis qu’il a conservé les dernières dans —tor, —trix, —sor, —ter et —turus, —tura, —turum, —t, —nt, —n, etc.

Ces terminaisons à base pronominale n’excluent pas certaines terminaisons à base verbale, terminaisons diminutives provenant d’un verbe au sens de luire, paraître, ressembler (BHA, sanskr. bhâ, luire, paraître ; DṚK, sanskr, dṛç, luire, se montrer) ; terminaisons intensitives