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engendre, outre le verbe conjugué, trois autres parties du discours : le participe, l’adjectif et le nom.

Qu’un pronom simple se développe par l’addition d’un autre pronom simple ou qu’un monosyllabe verbal se développe par l’addition d’un monosyllabe pronominal, c’est toujours l’application de la loi d’individualisation progressive, c’est-à-dire de la loi générale du développement de tous les organismes. Ainsi le nom est en germe dans le verbe monosyllabique, il y est contenu, et la race chinoise, par exemple, ne l’en a jamais extrait que par la seule pensée… Et, en effet, toute opération d’analyse transcendentale à part, l’idée couler entraîne avec soi l’idée d’une substance liquide ou coulante. Voilà pourquoi, selon la place qu’il lui donne dans la phrase, l’habitant de l’Empire du Milieu représente, par le même monosyllabe, tantôt le fleuve, tantôt l’action de couler. L’Aryen, lui, bien qu’il ait gardé quelques noms à la chinoise (monosyllabes verbaux à deux fonctions), a créé le nom par l’absorption, dans une forme nouvelle et supérieure, d’un pronom (ta, sa, a, i, na, ka, etc.) représentatif de l’être individuel et d’un verbe rappelant l’action caractéristique faite ou subie par cet être. De là trois éléments dans le substantif aussi bien que dans ses frères le participe et l’adjectif : 1o un verbe, 2o un pronom, 3o un signe du rapport que le pronom soutient avec le verbe.

Ce n’est pas le lieu de dire en quelles graves erreurs est tombée l’école allemande de linguistique pour n’avoir pas aperçu cette loi fondamentale de la dérivation. Nous ferons plus tard l’étude critique de la Wortbildung d’après les maîtres d’outre-Rhin. Pour le moment, je tiens à montrer comment est rendu sensible dans la forme extérieure du mot le rapport d’objectivité et de subjectivité