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sorte de langage à part[1],la langue aryaque n’offre, en dernière analyse, que des monosyllabes-verbes et des monosyllabes pronominaux.

J’appelle monosyllabe-verbe ou verbe simple toute syllabe qui rappelle une action par une imitation orale, soit du bruit qui trahit cette action, soit de l’effort qui la produit.

Mais qu’est-ce qu’une action ? J’entends par action un mouvement perçu par les sens et conçu dans sa cause par l’esprit. Point de langage sans l’esprit métaphysique, et l’homme ne parle que parce qu’il voit quelque chose à travers le voile transparent des phénomènes.

La syllabe indicative comme ta, sa, ce, ceci, lui ; I, A, celui-ci, celui-là, est un geste oral démonstratif de l’être individuel. C’est le pronom simple. Le geste visible de la main, de la tête et des yeux semble avoir dû être son accompagnement naturel, inséparable, surtout chez les premiers hommes. C’est de ces indications syllabiques de l’individu, conçu dans la notion générale de substance, que sont sortis les articles, les prépositions, les adverbes et les conjonctions.

Par son union avec les syllabes pronominales, le verbe

  1. Écho des émotions profondes de l’âme, l’interjection traduit l’affection du moment, de la minute, plus fidèlement que toutes les descriptions ne pourraient le faire. Par son intonation propre, par ses modulations (elle en a souvent), mais surtout par son timbre, chaque voix interjective vraie envahit subitement l’âme de l’auditeur pour la mettre à l’unisson de souffrance ou de joie, d’horreur ou d’admiration. Les mille nuances du timbre vocal propres aux divers états passionnels du cœur humain ne sauraient être figurées aux yeux, et l’écriture nous livre les formes interjectives dépouillées de ce qui en fait l’irrésistible puissance.