çà et là quelques lacunes. Ainsi la loi de polarité ou d’échange par appel du son contrasté (f remplaçant v, z prenant la place de s, etc.), loi d’une application de tous les instants dans les idiomes germaniques, n’a pas même été soupçonnée par les Allemands. Ainsi encore la loi du passage de y (j allemand) initial à g (pron. gue) devant les voyelles, dans un grand nombre de mots germaniques (YAbh devenant gab, geb et gib ; YUt devenant guth et goth ; YAs devenant gas, ges et gos, etc.). C’est à combler ces lacunes que la Revue mettra d’abord tous ses soins.
Mais ce qui restera longtemps encore un vaste et intéressant sujet d’étude pour la phonologie indo-européenne, c’est la recherche des causes physiologiques et psychologiques dont les lois de variation phonique ne sont que les modes d’action déterminés et constants.
Nous avons vu plus haut ce qu’il faut entendre par morphologie. Cette branche curieuse de l’anatomie du langage rend surtout de grands services lorsqu’on se propose de comparer entre eux les monosyllabes premiers ou irréductibles de chaque système de langues. Le corps du mot sémitique, par exemple, ne naît pas et ne se développe pas de la même manière que le corps du vocable aryaque, et la forme chinoise, pour prendre un autre exemple, diffère autant de la forme syro-arabe que de la forme indo-européenne. Dès l’année 1855, dans Moïse et les langues, j’essayai démontrer de quelle haute valeur scientifique peut être la morphologie comparative ; et c’est avec une véritable satisfaction que je vis, quelques années plus tard, M. Schleicher s’emparer de la question morphologique et la traiter avec sa vigueur habituelle. Au point de vue anthropologique, rien ne saurait offrir un plus vif intérêt que l’écho constant et carac-