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Ainsi paku, bête de somme, sansk. paçus (masc.) devient en gothique faihu (neutre), allem. vieh ; tandis que le latin garde les deux explosives originelles dans pecus.

Ainsi encore tu, tu, toi, sansk. tv-am, siffle son t (toujours avec la pointe de la langue sous l’arcade dentaire supérieure) dans le gothique thu, angl. thou ; mais il se garde pur de toute atteinte dans le latin tu.

Ce que je recommande surtout au lecteur français placé devant cette équation : le germanique h = K aryaque, c’est d’oublier ce signe d’hiatus qu’on appelle notre h aspirée, et de produire avec énergie la rude sifflante du fond de la bouche en forçant la colonne d’air, violemment expulsée des poumons, à traverser, en la râclant, la mince ouverture pratiquée entre la base de la langue et le voile du palais. Après cette préparation, qu’il prononce hairto, angl. heart et cor(d), cor, cordis cœur ; hvata, angl. what pour hwat, et quod, quoi, quel ; haurn, angl. horn, et cornu, corne ; taihun et decem, dix ; veihs et vicus, demeure, village ; svaihra et socer, beau-père.

On le voit, on le sent, le f, le th, le h du germanisme remplaçant les p, t, k de l’aryaque ; c’est le coup d’archet râcleur de la colonne d’air substitué au pizzicato des anciennes ténues explosives.

Dans un article spécial qu’on trouvera plus loin, nos lecteurs remarqueront comment ce système de renforcement est appliqué à b, d, g devenant p, t, k et à bh, dh, gh devenant b, d, g.

Par cela même qu’elle est l’instrument de toute comparaison scientifique entre les vocables, la phonologie est peut-être la branche la plus avancée de la linguistique comparative indo-européenne. Et pourtant le code des lois positives des variations phoniques présente encore