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mêmes, par plus d’un côté, aux idiomes lithuano-slavons, si rapprochés à leur tour du sanskrit par la richesse et la pureté de leurs formes.

Toutes ces langues ont perdu çà et là quelque chose de leur intégrité organique primordiale ; mais ces altérations sont loin d’atteindre toujours le même vocable de la même manière dans chaque élément du vaste parallèle. Ici c’est le sanskrit qui, ayant le moins souffert des exigences d’une prononciation facile et rapide, est resté le plus complet ; là c’est le latin, le gothique ou le lithuanien qui prouve que le sanskrit lui-même, d’habitude si bien conservé, a, dans telle ou telle forme, perdu l’un ou l’autre de leurs éléments essentiels.

Lorsque, possédant bien les lois des variations phoniques qui régissent le devenir de chaque langue sœur, on avance d’un pas ferme dans ce vaste système de comparaison, on se trouve forcément conduit à un ensemble de formes organiques premières et communes constituant le fonds commun du parler des tribus aryennes avant leur séparation pour la colonisation de l’Inde et de l’Europe.

Par leur contrôle mutuel, et en se complétant ainsi l’une par l’autre, les langues sœurs permettent à la science de reconstituer la langue mère dont elle ne sont que des modes variés de devenir.

À ce parler primordial de notre race indo-européenne les Allemands donnent d’ordinaire le nom de langue indo-germanique primitive (indo-germanische Ursprache). Pour plus de concision, et peut-être aussi pour plus de justesse, nous l’appellerons la plupart du temps aryen primitif ou aryaque tout court. Le nom de ârya, vénérable, excellent, noble, a très probablement représenté les diverses tribus de la race indo-européenne avant toute séparation. Les Védas, les Lois de Manou, toute la