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avec le sens de garder, protéger, tantôt avec celui de nourrir, paître. Le même resserrement de sens a lieu pour BHAR ou BHṚ, garder, protéger, puis conserver, nourrir, comme le prouvent et le sk. bhar-tṛ, le protecteur, le mari, et le sk. bhâr-yâ (protegenda) l’épouse et le sk. bhara, nourriture, pain, le bara breton.

5. — La courbe qui se continue finit par former le cercle ou le tour, et de là cette particularisation de courber en entourer, tourner, faire un tour, courir, voler. Voyez ce KU ou cav (par le guné cau), courber, que nous connaissons déjà par son individualisation être creux dans cavus, cavea, caverna, etc. ; le voici maintenant sous sa forme redoublée KUK (pour KUKU) qui donna ΚΥΚλος, le rond, le cercle, le CYCle, tandis que son frère KṚ (curvus, etc.), par son redoublé KṚK (pour KṚKṚ) produisit le CIRCus (prononcez toujours C à la romaine, c’est-à-dire avec la valeur de l’explosive palatale forte K, même devant e et i) et CIRCulus, notre CIRque et notre CERcle. Vous reconnaissez aisément que le COURs et la COURse lat. cursus et currere n’ont pas d’autre origine ; mais il existe dans notre langue un dérivé de ce KṚ, courber, circuler, faire une course dont l’extrait de naissance a besoin d’être établi. Une forme intensive KRUp reproduite dans les langues germaniques sous la forme doublement sifflée de HLUf ou HLAUf, tudesque ou ancien-haut-allem. hloufan, all. laufen (avec aphérèse de h devant l, comme d’habitude), angl. leap, goth. hlaupan a donné le composé gahlaupan reproduit dans notre galoper espagn. et portug. galopar, ital. galoppare. Toutes ces courbes, tous ces crochets que l’oiseau décrit dans l’air ont porté nos pères à désigner le vol par des verbes au sens de courber, tourner (se mouvoir en décrivant des