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mettre des u (ou) à pipire et des i à ulutare. Les poussins et les loups seraient là pour protester.

Le contraire a lieu dans l’expression des actions muettes. Ici, les fonctions par excellence appartiennent au sens du tact, et l’ouïe n’est que la voie par laquelle l’effort constitutif de la consonne affecte notre sensibilité tactile.

Si cela est vrai, me dis-je alors, tous les verbes non onomatopéiques doivent, en fait, ne représenter directement que des perceptions tactiles, rien que des fonctions du tact général ou du tact spécialisé dans le toucher.

Ce fut un long travail de vérification ; mais j’acquis enfin la certitude que mon hypothèse n’était qu’une anticipation de la loi.

Et, en effet, dans l’aryaque, tous les verbes non onomatopéiques disent, ou bien :

Presser sur, poser, établir ;
Fléchir, courber ;
Serrer, entasser, remplir,

ou leurs contraires :

Tendre vers, aller ;
Étendre, aplanir ;
Répandre, couler.

D’un côté, la compression ; de l’autre, l’expansion.

Là, l’effort compressif ; ici, l’effort expansif.

Là, le mouvement centripète ; ici, le mouvement centrifuge.

Partout, l’effort ou l’application de la force, de la force dont, seul, le tact peut nous donner l’idée et la sensation.

Donc, pour les pères de la race aryenne, tout verbe qui n’est pas une onomatopée est constitué syllabiquement par une imitation orale de l’effort causatif de l’ac-