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les diverses branches issues de la souche qu’il s’agit de rétablir. Sur le terrain des langues indo-européennes, — à part quelques détails d’une importance relativement minime, — cet immense travail est aujourd’hui terminé. On sait de la manière la plus positive ce que chaque voyelle et chaque consonne de l’aryaque (indo-européen primitif) sont devenues à travers les âges, ici, pour devenir le sanskrit védique, là, pour se faire le zend ; d’un côté, pour se transformer en vieil esclavon, de l’autre, pour se renforcer en tudesque ou en gothique, etc., etc. Au fond, toujours le même organisme syllabique de la pensée, et ce tout, rigoureusement un, modifiant ses formes extérieures selon la succession des temps, le mélange des races et la diversité des milieux géographiques.

Pour savoir tout ce que l’on sait aujourd’hui des variations phonétiques de l’aryaque et de ses divers modes de devenir, on s’est adressé aux langues aryennes elles-mêmes, on les a soumises à un vaste et rigoureux parallèle. Cette méthode, qui groupe les faits pour leur demander la loi qui les régit, est aussi celle que nous suivrons dans la recherche des variations logiques des vocables. Je ne veux rien inventer, rien créer de toutes pièces : je n’ai point le fétichisme de l’a priori. Je veux seulement apporter à l’examen de la vie intime des mots le soin que l’on apporte d’ordinaire à l’étude des changements, voire même des accidents qu’ils subissent dans leur figure extérieure, corporelle ou syllabique.

I

J’ai dit ailleurs qu’il fallait distinguer soigneusement dans les langues ce qui est du domaine des exclamations