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origines développées par des lois phonétiques diverses, mais toutes également autorisées, et reconnues par un nombre égal d’exemples non attaqués. Nous citons pour mémoire, ainsi lupus et vulpes de l’ar. vark, flag (flag-ro, flam-ma, flavus), et fulg (fulg-ere, ful-men, fulvus) de l’ar. bhṛg, fortis et fulcire de l’ar. dhar (scr. dhṛ), precari et posc-ere de prask ou prak (scr. pṛććh, p. parç ou fraç) etc. Nous pourrions encore citer de nombreux mots français développés dans des formes différentes, avec des significations diverses, tels que orteil et article, sevrer et séparer, etc. ; mais nous nous bornons à faire remarquer que les langues antiques se sont développées de la même manière que les idiomes modernes, car, de tous les temps, l’esprit humain se manifeste dans toutes ses phases avec les mêmes phénomènes et selon les mêmes lois.

On a déjà pu remarquer que bon nombre de racines commençant par v, surtout par va, s’altéraient en u ; la langue sanscrite nous enseigne même ces phénomènes dans des cas précis ; ainsi de la racine vad, mouiller, se forme ud (scr. et latin ud und), var, couvrir, ur, etc. Ces racines se rencontrent également avec l’initiale m. La singulière multiplicité des racines primitives var, se trouve ainsi encore variée dans ses dérivations. Nous avons :

VAR, choisir d’où vouloir, vara le choix (d’un mari p. ex.)

VAR, défendre d’où germ. wehr guerre, vallum, uras, la poitrine.

VAR, répandre, couler d’où le scr. vari, eau, d’où le grec ὀυρο et le lat. ur-ina.

VAR, valoir, d’où scr. vara, vir.

Nous trouvons donc en latin :

Mare (dans toutes les langues européennes, sauf le grec) de vari, scr. vari.