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tions sont autant d’édits des rois de Perse, faites naturellement pour être compris de tous les sujets du royaume, et de là cette rédaction trilingue et ces trois systèmes d’écriture. C’est sur le seul texte perse que s’est exercée la sagacité critique et divinatrice d’Eugène Burnouf et de M. Lassen.

Or, sans qu’ils se fussent le moins du monde entendus, les deux concurrents aboutirent à des lectures et à des traductions presque identiques. Cet accord si remarquable s’explique pourtant. Tous deux, ils partaient des mêmes notions scientifiques sur la constitution des anciens idiomes de la Perse, bien qu’ils différassent sur l’admission de certaines variations dialectiques dans la langue des inscriptions comparées au zend des livres sacrés. Tous deux, par conséquent, mettaient la philologie comparée au service de la paléographie et retrouvaient la valeur des signes graphiques par la connaissance préalable des formes lexiques et grammaticales d’ailleurs si précises du langage que ces signes représentaient aux yeux. Si, dès 1833, cette méthode, avec ce qu’elle doit produire, se trouve indiquée dans le Commentaire sur le Yaçna, il est juste de dire que, sept ans auparavant, Rask l’avait entrevue et fort habilement appliquée dans les limites de sa connaissance de la vieille langue bactrienne qu’il avait étudiée aux Indes. Sachant que le nom de roi est représenté en zend par khshâyathiya, et connaissant, en outre, la terminaison du génitif pluriel des noms aryens et iraniens de la déclinaison générique, l’ingénieux philologue danois déchiffra le titre pompeux de khshâyathiya khshâyathiyânâm, roi des rois, si souvent répété dans les inscriptions des Sassanides.

Oui, dans ces deux mots qui suivent et dont le second reproduit d’abord les sept lettres cunéiformes du pre-