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Le lecteur n’eût-il pas trouvé plus de profit, plus de satisfaction même à parcourir sous une indication capitale Ṛ, tendre vers, en premier lieu, l’individualisation « s’élever » apparaissant directement dans ὄρνυμι, oriri, origo, et sk. ṛnômi, je m’avance ; puis, au moyen d’une dérivation, à savoir Ṛdh, dans ἄλθομαι ἀλθαίνω, et ṛdhnômi, j’accrois ? — En second lieu, l’individualisation « couler, » sous la forme Ṛd dans, ἄρδω, j’arrose, sk. ardras, arrosé ; puis sous la forme Ṛs dans ἄρσην, mâle ; zend, arṣan ; — en troisième lieu, enfin, l’individualisation « pénétrer, » dans Ṛk, d’où ak[1], d’où ἄϰων, dard, ὠϰίων (ὠϰίονς), = ocior (ocions) — sk. âçîyans (forme allongée), plus rapide, dans acuo, acies, dans ἵππος, ἵϰϰος, ἵϰϝοςequusaçvas.

Ainsi, et par suite de l’adoption d’un plan vulgaire, absence complète dans les Grundzüge de synthèse lexiologique. Certes, on peut à juste titre redouter les généralisations prématurées, les systématisations factices, les conclusions de fantaisie ; mais il y a loin à coup sûr de ces hasardeuses édifications à la simple collation, sous une rubrique typique, des membres épars de la même famille.

Que ce conglomérat naturel vienne un jour à se réaliser au milieu même de ces prodigieux dissécateurs d’outre-Rhin, nous n’en doutons pas un instant, et du meilleur cœur nous le leur souhaitons au plus vite ; voilà qui nous ferait aisément passer sur quelques erreurs, peu justifiables dans un système analytique à l’ordinaire si perspicace. M.  Curtius, par exemple, pas plus qu’aucun linguiste allemand, n’a soupçonné dans le Y aryaque une source du g germanique.

  1. Cfr. Ṛ courber, donnant par ṛk la forme ak, ank : zend, aka, et lat. uncu-s, crampon ; Ṛgh la forme ag angh, ango ; etc.