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tius, rappelons-nous, par exemple, la racine MṚg, frotter, traire. Les Grundzüge nous présentent en premier lieu une racine ΜΕΛΓ sous laquelle se trouvent rangés ἀμέλγω, je trais, ἅμελξις, succion, comparés à mulgeo, je trais, et sansk. marḷmi, j’ôte en essuyant, en frottant. — En second lieu, arrive une racine ΜΕΡΓ avec ἀμέργω j’exprime, je pressure, ὀμόργνυμι, j’essuie, à côté de merges, instrument à mettre en gerbes, puis ce même sansk. marjmi de tout à l’heure ; et cela pour une question de pélasgisme !… Mais n’y revenons pas.

Il nous semble que ces deux numéros bien distincts, gratifiés qu’ils le sont d’un W majuscule (Wurzel, racine), se seraient logiquement trouvés réunis sous la seule forme MṚg, forme aryaque bien entendu, qui, à son tour, n’eut été sous la rubrique frotter, traire, qu’un secondaire de MṚ, amollir, la vraie racine celle-là, le type premier, non affecté d’une consonne dérivative.

Ce MṚ, l’ordre alphabétique force M. Curtius à le placer 300 nos plus bas que ses dérivés μελγ et μεργ, sous la forme MAA, dans les vocables μαλαϰός mou, μῶλυς lâche, à côté de mollis.

C’est assurément sans recherche aucune et par pur effet du hasard, que nous sommes tombés sur cet exemple frappant de l’inconvénient qui existe à ne pas se référer, du premier coup, à la racine typique, sous laquelle se rangeraient d’elles-mêmes les individualisations diverses.

C’est ainsi que l’ordre alphabétique contraint encore à séparer les uns d’avec les autres ὄρνυμι, j’élève, ἅλθομαι je suis guéri, ἅρδω, j’arrose, ἅρσην[1] mâle (arroseur), ἅϰων, dard.

  1. Tous droits réservés à l’opinion qui rattache ἅρσην à la racine WṚs, arroser ; cfr., Ϝέρση, rosée. Mais le zend arṣan, mâle, mais le sansk. ṛṣabhas, taureau ?…