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système indo-européen ne s’élèvent pas, en effet, au nombre de 300. Est-ce dans une vue de facilitation pour les recherches, de distinction nettement déterminée dans les analyses diverses, que l’auteur a cru devoir se conformer à un pareil plan ?… Ce motif ne nous semblerait pas acceptable, et ne contrebalancerait pas à nos yeux les avantages immenses d’une classification naturelle, subséquemment dépouillée par un index rigoureux.

Évidemment, ce terme de « classification naturelle » demande à ne pas être entendu sans réserves. La nature ignore les systèmes, et c’est par un travail purement personnel que l’esprit humain opérant sur le fond naturel un et continu le divise artificiellement en classes multiples. Pourquoi, dès lors, attribuer à ces distinctions factices l’épithète de naturelles ?…… Dans ces sortes de groupements, chacun des classificateurs affirme à coup sûr n’avoir rien concédé à sa fantaisie propre. — Mais ces prétendus décalques de l’ordre réel des faits, gardons-nous de les tenir pour articles de foi. Les classifications linguistiques n’ont pas plus de réalité que les classements zoologiques : Cuvier, le professeur Giebel, le professeur Kaup, Gegenbauer, les naturalistes du passé, ceux du jour, ne se sont pas accordés, ne s’accordent pas dès qu’il s’agit de grouper. Naturalistes et linguistes de l’avenir seront-ils plus heureux ? — Toutefois, ces restrictions une fois posées sur la nature des classifications, nous osons affirmer qu’une systématisation est de tout point indispensable, et que la nécessité des sectionnements est inhérente à l’esprit humain : c’est en ce sens, selon nous, que le classement est naturel. Dès lors, nous nous permettons la critique du procédé de l’auteur des Grundzüge.

Pour avoir une simple idée de la méthode de M. Cur-