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M. Curtius cherche à faire admettre la labialisation du k aryaque, non plus dans la période primitive, mais bien dans le passage au latin. L’exemple qu’il fournit de sapere, goûter, est précisément sa condamnation, témoins les langues germaniques, par exemple, le tudesque saf, suc. Les idiomes slaves ont encore ici conservé le k organique : esclav. soku et lith. sùnka, suc. De son côté, le latin nous présente ce singulier phénomène auquel tout à l’heure nous faisions allusion, à savoir la conservation des deux formes aryaques : la régulière dans sucus = sakas, la dérivée dans sapio.

M. Schleicher repousse énergiquement cette possibilité de devenir du k aryaque au p latin ; mais le savant professeur nous semble ne pas se rendre compte de lupus, d’après la véritable raison, en ne s’adressant pas à un dédoublement organique, mais à un emprunt, comme il le fait très légitimement en ce qui concerne Petronius, popina, palumbes. Mêmes réserves, quant à limpidus.

Pour en revenir aux Grundzüge, on découvre aisément que cette persistance à tirer des c, qu latins, de p aryaques, et de k aryaques des p latins, est due à la conception du gréco-italisme, dont M. Curtius est un des plus fermes soutiens. On a longtemps admis sans discussion et comme un fait inattaquable, une union secondaire latino-hellénique, c’est-à-dire la séparation en un seul rameau d’avec leurs frères, des tribus d’où seraient sortis à leur tour, dans la suite des âges, d’un côté les Grecs, de l’autre les Italiotes.

L’espace nous manque pour entamer une discussion suivie sur ce point ; contentons-nous de protester contre cette singulière théorie du pélasgisme, à laquelle nous reviendrons d’ailleurs en temps opportun. Nous nous efforcerons d’établir clairement que, s’il faut admettre une