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LES ANCIENNES DYNASTIES SOUVERAINES DE SUMER ET AKKAD

tablettes nos 3 et 4 forme un double de la tablette no  2 ; une partie des rois d’Agadé s’y trouvent mentionnés, ainsi qu’un roi d’une précédente série. Ensuite il est établi que Goutioum l’emporta sur Ourouk et garda l’hégémonie 125 ans, jusqu’au jour où Ourouk reconquit le pouvoir. Il existe donc une lacune certaine avant la dynastie d’Agadé et peut-être une autre entre la cinquième d’Ourouk et la troisième d’Our, celle de Doungi. Cette dernière lacune, si elle est réelle, ne saurait être de longue durée. Poebel y place la dynastie d’Adab à laquelle appartient Lougal-ana-moundou et se propose de prouver dans la suite de son étude que cette ville, selon toute probabilité, exerça la royauté sur tout Sumer et Akkad à cette époque. S’il en est ainsi, elle était comptée parmi celles qui dans le sommaire précédaient Agadé. Dans la lacune de plusieurs siècles antérieure au règne de Sargon d’Agadé, trois dynasties sont connues par la tablette de Kish que le P. Scheil a éditée[1] ; elles précèdent immédiatement la domination d’Agadé : Opis, avec six rois pendant 99 ans ; la dynastie de Kou-Baou à Kish, comprenant 8 rois en 106 ans ; et, enfin, le règne de Lougal-ziggisi à Ourouk.

Il reste à classer : la domination éphémère d’une cité dont le nom trop mutilé résiste à l’identification ; deux périodes de l’hégémonie de Kish ; la seconde dynastie d’Our, avec quatre rois en 108 ans ; une période d’Ourouk et une d’Adab ; enfin, une période d’une ville inconnue. Des deux époques où Kish l’emporte, l’une parait déterminée très exactement par le règne de Me-silim à qui se joignent Our-zag-è, Lougal-tarsi et Enbi-Ishtar, que vainquit Enshakoushana roi de Sumer ; pour l’autre, Poebel propose Eanadou de Lagash devenu roi de Kish d’après ses propres inscriptions : ceci est-il suffisant pour l’inscrire dans les listes des princes qui ont exercé une autorité entière sur l’ensemble de pays, et peut-on admettre qu’il ait vécu avant la dynastie d’Opis, deux siècles plus tôt que Lougal-zaggisi ?

La durée de la lacune est impossible à évaluer. Outre que plusieurs chiffres font défaut dans les comptes détaillés, les totaux inscrits sur les tablettes no  2 et no  4 ne peuvent être ramenés l’un à l’autre : celle-ci compte 32.243 ans pour 139 rois ; celle-là 28.876 + (x × 60) années, pour 134 princes.

On peut donc actuellement reconstituer ainsi le schéma des listes royales depuis le Déluge jusqu’à l’époque de l’hégémonie de Babylone.

  1. Cf. t. IV, p. 100.