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LES ANGES DU PAGANISME


Une brève dédicace, trouvée récemment dans les ruines de Sarmizégétusa en Dacie, ne paraît pas avoir été suffisamment élucidée par ses éditeurs**1, qui n’en n’ont peut-être pas aperçu toute la signification. En voici le texte : Deo Aeterno et Tunojni et angelis| M. Procilius Aphrodi-| sius aug(ustalis) col(oniae) metropol(eos) | et Seximia Hermione | et Procilia filia| colitoribus d(onum) d(ederunt) p(osuerunt).

Il s’agit donc de quelque don fait par M. Procilius Aphrodisius, augustale de la colonie de Sarmizégétusa, métropole de la Dacie, par sa femme Seximia Hermione et par sa fille Procilia à une association religieuse (colitoribus), — une des nombreuses confréries qui dans cette province et en particulier dans cette ville adoraient les dieux orientaux. Nous savons en effet que deus Aeternus est un nom latin fréquemment prêté aux Baals solaires des Syriens. Les Sémites avaient conclu de la constance des révolutions sidérales à leur perpétuité, et ils regardèrent les astres « invincibles » comme des puissances divines dont l’action était sans commencement et sans fin**2. Ils substituèrent ces « Éternels » aux anciens « Immortels ». Dans notre inscription, le Baal est associé à une Baalat, qui prend, ainsi qu’il arrive souvent, le nom de Junon, comme reine des cieux. Mais, fait jusqu’ici unique, à ce couple divin sont joints des

1) Béla Jano, Archaologiai Ertesitö, 1912, p. 390 ss. ; G. von Finaly, Jahrb. arch. Inst., XXVIII, 1913, Anzeiger, p. 334 ; Cagnat et Besnier, Année épigraphique, 1914, no 106 = Rev. archéol., 1914, I, p. 476.

2) Cf. mes Religions orientales, 2e éd., p. 191 ss.

3) Cf. par exemple C. I. L., VI, 364-366, 413 = Dessau, Inscr. selectae, 4320-2.