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sans le vouloir, contre le dessein de son grand-père ? et l’auteur n’avait-il pas eu ses raisons pour faire quelques suppressions ? N’eût-il pas été préférable, pour nous donner « la pensée intégrale de l’historien », de prendre pour base la troisième édition de l’Histoire du Canada, celle de 1859, de rejeter en note ou en appendice tous les développements, toutes les rectifications, toutes les additions que les progrès des études relatives à l’histoire coloniale ont rendus indispensables ? Telle est la question que, mus par un scrupule bien explicable, nous nous sommes posée en lisant la nouvelle édition de l’Histoire du Canada, et que nous posons à M. Hector Garneau. Pour nous, l’ouvrage de son grand-père est un livre « classique », et il fallait agir envers lui comme les directeurs de notre collection des « grands écrivains français » l’ont fait à l’égard de nos meilleurs auteurs.

Hâtons-nous d’ajouter que, malgré notre divergence de vues avec M. Hector Garneau sur le point de départ adopté par lui, nous ne saurions trop louer son travail. D’une œuvre dont « l’information était assez mince », le présent éditeur a voulu faire une œuvre d’érudition en même temps qu’un livre de lecture courante ; il a entendu lui donner un appareil critique que l’on ne songeait pas à exiger au temps où F.-X. Garneau, admirateur et en quelque manière disciple de Voltaire, d’Augustin Thierry, de Michelet, composait son ouvrage ; il y a réussi dans la mesure du possible. On peut encore, en effet, en dépit des renvois aux notes, des passages entre crochets, des dates, — et à la condition de vouloir en faire abstraction, — lire l’Histoire du Canada comme son auteur souhaitait qu’on la lût ; on y trouve d’autre part, aujourd’hui, un luxe de références et d’indications de toutes natures qui satisfont le savant contemporain, et qui la rendent pour lui une mine inépuisable de renseignements. L’érudit désireux d’approfondir un point déterminé de l’histoire de la Nouvelle-France considérera sans doute cet ouvrage comme le meilleur manuel auquel il pourra recourir pour éclairer les alentours de son sujet et en préparer l’étude. Ainsi le livre de F.-X. Garneau a-t-il cessé d’être ce qu’il