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roy. Il y en a des copies aussi bien qu’une représentation exacte en plusieurs villes, afin qu’en cas d’incendie on n’en fût pas entièrement privé. Les almanachs se font à la Chine, parce que les Corésiens n’ont ni assez d’adresse ni assez de science pour les faire eux-mêmes. Ils impriment avec des planches ou formes de bois, et ils ont une forme particulière pour chacun des côtés de la feuille. Les comptes se font avec de petits bâtons longuets de la même manière que nous les faisons avec des jetons. Ils ne savent point tenir de livres de compte, seulement lorsque le marchand achète quelque chose, il met le prix dessus, écrit au-dessous ce qu’il peut en retirer, et voit aisément, par ce moyen, la valeur de ses profits ou de ses pertes.

Quand le roy sort, il est accompagné d’une grande troupe de soldats en fort bon ordre et suivi de toute la noblesse de sa cour ; chacun des courtisans, vêtu d’une robe noire, porte ses insignes ou quelque ouvrage de broderie devant et derrière, avec une écharpe fort ample. Devant lui, marchent des hommes à cheval et d’autres à pied, les uns portant des enseignes et des étendards, les autres divers instruments de cuivre dont ils jouent. Ils sont suivis des gardes-du-corps composés des principaux bourgeois de la ville. Le roy est au milieu porté sur un dais d’or fort riche, et il passe dans un si grand silence qu’on n’entend pas le moindre petit bruit. Immédiatement devant lui, marche un secrétaire d’État, ou quelque autre officier de grande importance avec une cassette dans laquelle il dépose toutes les requestes et les placets que les particuliers présentent à sa majesté, les uns au bout d’un roseau, les autres en les laissant pendre le long des murailles ou des palissades, de sorte qu’on ne voit pas ceux qui les remettent : ces derniers sont recueillis par des gens appointés ad hoc pour les apporter au secrétaire. Lorsque le roy est de retour au palais, on luy présente le tout pour qu’il en décide. Dans les rues où le roy passe, toutes les maisons ont leurs portes et leurs fenêtres fermées ; personne n’oseroit les entr’ouvrir, et encore moins regarder par dessus la palissade ou par dessus la muraille.