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diants qui désirent avoir quelque emploi, soit dans la plume, soit dans l’épée. Les gouverneurs de place y envoient des députés habiles pour les examiner et pour faire choix des plus capables ; sur le rapport qu’on leur en fait, ils en écrivent au roy. Tous les ans encore il se tient une assemblée à la Cour, où on examine la conduite de tous ceux qui sont dans les emplois. Les plus grands du royaume y assistent, qu’ils soient en charge ou non. Les emplois y sont distribués à ceux qu’on en croit dignes et le roy en fait expédier les nominations. Les vieux officiers qui n’ont été jusqu’alors que dans la plume ou dans l’épée, font tous leurs efforts en ce temps-là pour avoir charge en l’une ou l’autre profession, afin d’augmenter leurs revenus. La poursuite de ces sortes d’honneurs ruine souvent leurs prétendants, à cause des présents et des festins qu’ils font pour se mettre en estime et pour gagner les suffrages. Il y en a même qui meurent en chemin, et la plupart se contentent d’obtenir le titre de l’emploi qu’ils prétendent, et ils croient que c’est beaucoup d’avoir été désignés à une charge.

En Corée les pères chérissent fort leurs enfants dont ils sont réciproquement fort respectés. Ils sont solidaires des faits qu’ils accomplissent, et, si l’un d’eux commet une méchante action, l’autre en est responsable. Il n’en est pas de même des esclaves qui se soucient fort peu de leurs enfants, parce qu’ils savent qu’on les leur enlèvera aussitôt qu’ils seront en âge de travailler ou de faire quelque chose. Lorsqu’un homme libre meurt, ses enfants portent le deuil pendant trois ans, et durant tout ce temps ils prient aussi austèrement que les moines, ne peuvent exercer aucune charge, et, s’ils en ont une, il faut qu’ils l’abandonnent. Il ne leur est pas permis de coucher avec leurs femmes, et s’il leur naît alors des enfants, on les regarde comme illégitimes. Il ne leur est pas permis non plus de se mettre en colère, ni de se battre, et encore moins de s’enivrer. On porte comme deuil une longue robe de toile de chanvre, sans rien autre chose dessous qu’une espèce de haire d’un tissu de fil tors aussi gros que le fil de bambou ou de roseau dont on fait les câbles de navire. La tête