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un pied à l’autre par les deux gros doigts, on les pose sur une pièce de bois qu’ils ont entre les jambes, et on les frappe avec un bâton gros comme le bras et long de trois ou quatre pieds, autant de coups que le juge l’a ordonné. Pour ce qui est du supplice des fesses, voici comment il se pratique : Après avoir fait déshabiller le patient, on le fait coucher à terre, le ventre dessous, et on l’attache à un petit banc : on laisse aux femmes un caleçon mouillé. En cet état, on le frappe d’une latte plus longue et plus large que celle dont je viens de parler. Comme cent coups équivalent presque à peine de mort, plusieurs en meurent aussi, et même avant d’en avoir reçu cinquante. Les coups sur le gras des jambes se donnent avec des baguettes grosses comme le pouce. Ce châtiment s’inflige aux femmes et aux jeunes apprentis. Durant toutes ces exécutions, les cris des criminels sont si lamentables qu’il semble que les spectateurs ne souffrent pas moins que les patients[1] !

Les Corésiens sont fort peu religieux[2] ; le menu peuple fait bien quelques grimaces devant les idoles, mais il ne les révère guère, et les grands les honorent encore

  1. Toute cette pénalité est empreinte de ce caractère de barbarie qu’avait le nôtre au moyen-âge. Il est temps que le christianisme vienne adoucir et même abolir de semblables usages, qui sont une véritable honte pour l’humanité. Nos vœux, à cet égard, ne sont pas pour la Corée seule, mais aussi pour la Chine, la Cochinchine et le Japon, dont les codes sont d’une cruauté révoltante et forment un contraste frappant avec la civilisation assez avancée, à certains égards, de ces trois grands États. Si le lecteur a besoin d’être édifié à cet égard, qu’il lise quelques chapitres des lois pénales du céleste Empire ; elles ont été traduites par Slaunton en anglais, et de l’anglais en français par M. le marquis de Sainte-Croix, sous le titre de Code pénal de la Chine.
  2. La religion bizarre qui, semblable à l’arbre des banians, s’est enracinée partout où s’est étendu son ombrage, le bouddhisme, est, en Corée comme en Chine, la religion de la majorité. Elle y a ses pagodes, ses bois sacrés, ses bonzes et ses cérémonies ; mais elle y est aussi beaucoup moins raisonnée que dans l’Inde, et entourée, plus que partout ailleurs, des superstitions les plus grossières. Combien de Coréens, pleins de sens pour tout autre chose, viennent vous affirmer de conviction que tel magicien leur a fait voir le diable, que tel autre les a conduits promener dans l’enfer ! etc., etc. (Callery, ubi supra, p. 291.)