Page:Revue de l’Orient et de l’Algérie, tome 2.djvu/383

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand il va dehors. Toutes les provinces sont obligées, une fois en sept ans, d’envoyer tous les hommes libres en garde chez le roy pendant deux mois, si bien que, durant toute cette année-là, la Corée est sous les armes, pour envoyer, les uns après les autres, tout le monde à la cour. Chaque province a son général, lequel a sous lui quatre ou cinq colonels qui ont chacun autant de capitaines ayant tous le commandement de quelque ville ou de quelque forteresse, jusques là qu’il n’y a point de village où il n’y ait au moins un caporal qui commande et qui a des dizeniers au-dessous de lui. Ces caporaux sont obligés de donner tous les ans à leurs capitaines un roolle des gens qui sont dans leur dépendance, et, par ce moyen, le roy sçait toujours précisément de combien de monde il peut faire estat lorsqu’il en a besoin. Les cavaliers sont armés d’une cuirasse, d’un pot et d’une espée, et, en outre, d’un arc, de flèches et d’un fléau semblable aux nostres, excepté que les leurs sont garnis de petites pointes de fer. Les fantassins portent comme eux un corselet, un morion et l’espée avec le mousquet ou la demy-pique. Les officiers n’ont que des arcs et des flèches. Les soldats sont obligés d’estre munis, à leurs dépens, de quoy tirer cinquante coups à balle. Chaque ville fournit aussi tour à tour un certain nombre de religieux, qu’elle tire de l’étendue de son ressort, pour garder et entretenir à leurs dépens les forts et les chasteaux qui sont dans les districts et aux penchants des montagnes. Ces moines passent pour les meilleurs soldats et obéissent à des officiers pris de leur corps, qui observent les mêmes règlements que l’autre milice, si bien que le roy sçait encore, à un moine près, combien il y en a en estat de le servir. Ceux qui ont atteint l’âge de soixante ans sont exempts de faction, et leurs enfants prennent leur place. Le nombre des personnes libres qui ne sont point dans les troupes du roy, et qui n’y ont point esté, joint aux esclaves, fait environ la moitié des gens du pays[1]. Au reste, si un homme libre couche

  1. On ne possède aucun document sur la population de la Corée. En consultant la grande carte de d’Anville, en lisant avec soin les re-