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tions triennales étaient expirées. Sorti de la rade de Batavia le 14 juin, on jeta l’ancre devant Thaï-ouân le 16 juillet. Après avoir pris un chargement de marchandises, le navire fut dirigé sur le Japon. Mais, à peine venait-il de sortir du détroit de Formose qu’il fut assailli par une tempête qui, après trois jours de navigation affreuse, le jeta sur la côte de l’île Quelpaarts, dépendance des rivages méridionaux de la Corée. De soixante-quatre individus qui se trouvaient sur le navire, trente-six seulement survécurent au naufrage. Enveloppés par des troupes nombreuses, faits prisonniers et gardés avec soin, ils restèrent à Quelpaarts jusqu’à la fin de mai 1654, que, sur un ordre du roi, on les fit passer sur le continent pour les conduire dans la capitale, nommée par l’auteur du récit de leur infortune, Sior, mot que les missionnaires, dans leurs dernières lettres (Annales de la Propagation de la foi, mai 1847, p. 222), écrivent Séoul, et qui est la même que la King-ki-tao de nos anciennes cartes, le Hang-yang-tching des Chinois et des cartes plus récentes. On leur fit bientôt connaître leur sort ; enrôlés à toujours parmi les gardes du roi, ils ne devaient plus revoir leur patrie, car il est une loi de ce pays qui ordonne de ne pas relâcher les étrangers assez osés pour y mettre les pieds. Il y avait un peu plus de treize années que durait leur captivité, vingt-deux seulement avaient survécu à des fortunes bien diverses, lorsque huit d’entre eux se décidèrent à tout tenter pour se soustraire à la captivité, et y réussirent. Montés sur une petite barque, longeant d’abord la côte, puis se livrant à la grande mer, on les vit arriver un soir devant l’établissement hollandais de Nangasaki, au Japon. Au nombre des fugitifs échappés aux tortures de cette mort lente que donne la misère et le souvenir des siens, se trouvait Henri Hamel de Gorcum, secrétaire du vaisseau,

    Zélandia. Les empereurs du Japon, s’étant vus obligés d’abandonner cette possession lointaine, les Hollandais s’en regardèrent comme les maîtres et la conservèrent jusqu’en 1661, que le fameux pirate chinois Koxinga (Tching-tching-koung) les en chassa, et il en fut lui-même expulsé par ses compatriotes en 1683 ; depuis lors, l’Île de Formose a été rattachée, comme dépendance, à la province de Fou-kian, vis-à-vis de laquelle elle s’élève.