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des officiers français pour organiser ses troupes, et enfin à faire diriger sur Constantine les caravanes de l’intérieur.

Notre but se trouverait ainsi atteint, sans nouvelle expédition, dont le succès pourrait être incertain, et qui, dans tous les cas, nous entrainerait dans de grandes dépenses. Et je suis persuadé que le bey Hamet serait pour nous ce que Massinissa fut pour les Romains, un ami sincère et fidèle.

Les avantages de cette alliance sont immenses : sans sacrifices, sans fatigues, sans dépenses, nous devenons maitres du désert ; nous fermons pour toujours à Abd-el-Kader l’entrée d’un pays dont il pourrait s’emparer, et qui lui fournirait des ressources pour prolonger sa résistance. Enfin, nous transportons à Constantine tout le commerce de l’intérieur.

Après un mois de séjour à Tuggurt, le choléra avait disparu, ma présence dans cette ville n’était plus nécessaire, et j’annonçai mon départ au bey. Hamet l’apprit avec peine, il me fit les propositions les plus avantageuses pour m’engager à rester auprès de lui ; mais je ne pouvais accepter. Voyant que ma résolution était inébranlable, il n’insista plus. Il me fit de beaux présents, et me donna une escorte qui me reconduisit jusqu’à Nefia, où je trouvai mes Tunisiens, qui, tout en m’attendant encore, ne croyaient plus me revoir.

Le lendemain, je partis pour Tunis, et le 6 mai j’étais dans cette ville, après une absence de trois mois et dix neuf jours.

loir-montgazon.


MÉLANGES.

FABLE VALLAQUE[1].
le jardinier, la ronce, la traînasse et les fleurs.




Une ronce épineuse et sauvage, — galeuse, venue je ne sais d’où, — arrachée par l’aquilon, — et jetée dans un jardin riche et fertile, prétendait y prendre racine parmi les fleurs odorantes. — Elle traînait après elle certaine herbe maudite, — qui s’étend, s’allonge en mille bras, — s’attache, se cramponne, prend racine en terre, — la dessèche, la rend stérile, — absorbe le suc des plantes, — rend vaine la sueur du jardinier, — et dont le nom est traînasse. Nous savons ce que vaut la ronce, — pas grand’chose ; — ici pourtant, —

  1. La fable est originaire d’Orient, où le despotisme force les peuples opprimés à couvrir la vérité du voile de l’allégorie. La pièce dont on va lire la traduction, et qui