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soldats, et il ne s’en sauva pas un. Le général de la Rochejaquelein, qu’on n’avait point aperçu, poursuivait l’ennemi avec sa cavalerie qui avait passé la ville de Chàteaugontier. Une terreur panique eut lieu à 9 heures du soir dans la ville de Ghàteaugontier. Comme l’armée arrivait en masse dans cette ville, un soldat républicain, nommé Cisset, qui s’était échappé pendant la journée, s’était caché dans une maison : voyant qu’il était perdu, il sortit de cette maison nu-lête et n’ayant que sa culotte et sa chemise, puis il s’écria d’une voix épouvantable : « Sauvons-nous, nous sommes perdus ». L’épouvante prit nos soldats qui reculèrent en masse dans la rue où il faisait très noir, il en étouffa au moins deux cents, et les chevaux de l’artillerie de la division de M. Lirot furent aussi étouffés. Le cheval du général Stofflet le fut égale ment. On passait les uns sur les autres, on s’écrasait. A force de rappeler nos soldats à la tranquillité, en les assu rant que le général La Rochejaquelein était en avant, l’armée rentra. Ce Cisset eut le bonheur de se sauver ; c’était un boucher de la ville de Nantes. Le général La Rochejaquelein rentra et apprit que les débris de l’armée de Mayence, composés de 7.000 soldats, s’étaient jetés sur la ville de Craon avec sept pièces de canon et un obusier. On les attaqua le lendemain, on leur prit les canons et l’obusier, puis on rentra à Laval où nos blessés furent soignés ; les maisons et l’hôpital én étaient pleins. Il y avait un pro-’ jet de faire de la ville de Laval le centre du dépôt de notre armée et d’y laisser nos blessés les plus malades. Comme la campagne était très bonne et que déjà une quantité de gens s’étaient réunis à nous, nous pensions que nos malades y seraient en sécurité.


« Nous marchons sur Mayenne. Il n’y eut que peu de résistance de la part de la garde nationale qui était obligée de se défendre pour ne pas tomber sous le coup de la loi de la Terreur. Nous n’y restâmes qu’un jour, puis nous marchâmes sur Fougères, jolie petite ville