Page:Revue de l'histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, année 1919.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

Un officier prussien a cru devoir remercier une dame chez laquelle il avait été logé en lui envoyant une pendule !…

La police prussienne a eu l’idée de s’attacher comme agents quelques-uns des libérés de la maison de justice, à l’expiration de leur condamnation. Comme quelqu’un reprochait à l’un de ces individus le honteux métier qu’il faisait, il répondit : « Si vous saviez combien nous les foutons dedans pour les dix francs qu’ils nous donnent par jour ! »

Toutefois, la délation exerça de grands ravages à Versailles.

Mardi 6 décembre.

Ah ! les marchands !

Un boucher de Versailles a refusé hier à une pratique de vingt-deux ans un petit beefsteak dans le filet qu’elle demandait pour un jeune malade. Le boucher prétendait ne pouvoir le faire, parce que les deux énormes filets qu’il possédait étaient destinés au Roi de Prusse et au Chancelier fédéral, auxquels il les vendait un bon prix. La cliente de vingt ans offre alors de payer le même prix que le Roi et le Chancelier. Le boucher, sans être ébranlé, refusa.

Mercredi 7 décembre.

M. Franchet d’Espérey, étant forcément porteur de mauvaises nouvelles, puisqu’il est, pour être agréable et utile à la Ville, continuellement au milieu des Prussiens, a été nommé : Franchement Désespérant.

Versailles est littéralement encombré de Juifs allemands, attirés ici par le pillage des maisons de campagne des environs occupées par les Prussiens. Nous sommes maintenant édifiés sur ces chariots de meubles que nous voyons continuellement entrer en ville.