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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

à Paris et ont demandé à servir contre la Prusse après avoir changé de costume. Pour un bavardage, c’en est un !

Samedi 8 octobre.

Est-ce vrai qu’on a tiré sur le Roi ? Que lui et sa suite ont été pendant quelques heures, cernés, ce qui l’a forcé à ne rentrer qu’à minuit ?

Des soldats sont rentrés en débandade, entre autres des uhlans, puis une voiture pleine de lances brisées.

Un ballon a passé hier au-dessus du Château. L’allumeur prétend qu’il a jeté des bulletins portant que le général Trochu allait sortir de Paris et que sa sortie était combinée avec des armées qui venaient cerner les Prussiens. Il ne dit pas quelles armées, ce brave patriote ; il ignore, sans doute, que tous nos soldats sont ou prisonniers, ou bloqués.

Une voiture a ramené ici un officier supérieur prussien qui avait les deux jambes brisées et qui pourrait des cris déchirants.

Un arrivant de Tours nous affirme que le chef de gare lui a affirmé avoir expédié cent quatre-vingt-deux trains (de 1, 200 hommes chacun) de troupes, canons et matériel de guerre, et que tous les hommes étaient pleins d’entrain. Je demande toujours où on a été chercher tous ces soldats-là. Le Gouvernement n’a pas encore eu le temps de faire des ou une armée.

On a peine à comprendre qu’un journal français a pu se décider à publier une nouvelle telle que celle ci-jointe : « la garnison de Strasbourg a obtenu une capitulation honorable. Les officiers conservent leurs armes, chevaux et bagages ; les soldats sont dirigés sur Rastadt. Le chiffre de la garnison qui s’est rendue forme, en y ajoutant la garde nationale, un total de 17, 000 hommes, dont 451 officiers. »

Dimanche 9 octobre.

Un officier prussien, habituellement fort gai, était, hier, dans un restaurant où il va d’ordinaire, fort triste ; quelqu’un lui demanda la cause de sa tristesse. Il répondit : « Renvoyez-nous donc, de grâce. Nous ne pouvons nous en aller, mais, de grâce, renvoyez-nous donc. »