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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

Les rues sont parcourues sans cesse par des gendarmes bavarois, secondés par des dragons prussiens, aux coquets uniformes.

Des femmes passant devant la gare Rive-Droite demandent aux garde la permission de traire des vaches qui souffrent.

Dimanche 25 septembre.

Nouvelles élections municipales.

Revue dans la cour des Statues, par le Prince royal de Prusse, des troupes de Versailles. Un jeune officier polonais traduit aux curieux le discours du Prince qui, en substance, fait jurer aux soldats de mourir sous Paris plutôt que de se rendre.

Mercredi 28 septembre.

Deux ballons, vers 11 heures, passent en vue ; ces deux ballons, qui semblent attachés ensemble, sont trois, ainsi que le fait voir la longue-vue.

Des personnes, généralement mal informées, prétendent que ce second ballon a été lancé par les Prussiens pour détruire le ballon venant de Paris.

Vendredi 30 septembre.

L’autorité allemande fait connaître que la ville de Toul aurait capitulé, ainsi que Strasbourg. Le Maire, invité à faire publier ces nouvelles, s’y refuse sans avoir reçu un avis officiel du Gouvernement français. Les Allemands n’insistent pas.

M. Jeandel, rédacteur en chef du Journal de Versailles, est mis en liberté après séquestration de plusieurs jours.

Il publie plusieurs articles à sensation, dont voici un échantillon :

… « Nous avons le droit de haïr les Prussiens et de souhaiter l’heure des représailles. À notre place, ils en feraient tout autant ; mais examinons la question sous un autre point de vue : Qu’est-ce que cette armée prussienne ? Une innombrable réunion d’hommes. — Et qu’est-ce que chacun de ces hommes en particulier ? C’est un être plus malheureux encore que nous. Une volonté à laquelle on ne résiste pas l’a poussé hors de son pays, où il vivait paisible au milieu de ses chères habitudes et de ses chères affections ; il a, là-bas, une mère, des sœurs, peut-être une femme, des enfants, tout ce qui rend bon, humain, tout ce