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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

soit que les conditions de l’armistice n’eussent pas parues suffisantes à l’armée, soit que cette conclusion diplomatique du siège manquât trop de prestige. » (Delerot.)

De notre côté, nous donnerons, peut-être, une autre explication. Les vainqueurs, eux aussi, avaient fait une rude campagne ; ils étaient fatigués, épuisés. Sur le moment même, ils ne se rendaient pas, ils ne pouvaient pas se rendre compte de l’étendue, des conséquences de leur victoire.

Une seule idée dominait chez la plupart des troupiers : rentrer en Allemagne et s’y reposer.

Nous ne pouvons nous empêcher de dire cette banalité : « L’Histoire se recommence toujours. »

Les chefs avaient, eux, une compréhension plus exacte des choses, parfois même entrevoyaient l’avenir, comme cet officier qui, jusqu’à un certain point, fut prophète quand il disait : « C’est bien malheureux pour la Prusse que l’on n’ait pas fait une paix honorable après le désastre de Sedan. Nous voici engagés de telle façon que, d’ici à dix ans, éclatera une nouvelle guerre dans laquelle l’Europe entière sera contre nous ; cette guerre aura pour issue de faire disparaître de l’Europe la Prusse, dont l’empire sera partagé entre les vainqueurs. »

Quadragénaire en 1870, M. Renoult n’a pas vu se réaliser ces prophétiques paroles. Comme tant d’autres, il a vécu la fin de son existence assombrie par le poids de la défaite. Puisse-t-il n’avoir jamais désespéré en la juste Revanche !

Mais il est temps de lui donner la parole en publiant les extraits de son Journal que les lecteurs trouveront ci-après.