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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

l’une, le mot : Alsace, l’autre, le mot : Lorraine. Deux personnages lui disent : « Elles vous gêneront à la fin, tout de même. » Il répond : « N’ayez crainte, elles sont faites de bon vieux cuir allemand. Peut-être se sont-elles façonnées quelque peu aux pieds français, mais elles se feront bientôt à nouveau, si on les graisse prudemment et les nettoie bien. » Dans le fond du dessin, un individu, dissimulé derrière les fortifications de Paris, s’écrit : « Pas de bottes. »

Voisin du fameux chancelier, hôte involontaire de Mme Jesse, rue de Provence, M. Renoult ne nous donne aucune précision particulièrement intéressante sur ce personnage.

Toutefois, il revient, à plusieurs reprises, sur la présence à Versailles d’un certain général français dont il signale l’arrivée chez Bismarck le 14 octobre, sans connaître ni le but de la mission, ni même la personnalité exacte. On a su depuis que cet officier [le général Boyer], chargé par Bazaine de négociations dont le caractère demeure mal défini, fut victime de la duplicité de son adversaire et qu’il rapporta dans Metz des nouvelles qui exercèrent la plus néfaste influence sur l’état mental de l’armée.

Que les Versaillais aient été déprimés, ceci est fort légitime ; le contraire, sous la botte de l’envahisseur, eût été abominable ; mais, ce qui est étrange, c’est que les vainqueurs eux-mêmes se montrèrent à maintes reprises tristes et, toujours, inquiets.

Ce n’était, d’ailleurs, pas sans cause qu’ils se montraient nerveux et préoccupés. Leurs grands chefs avaient de graves sujets de soucis qu’ils ne parvenaient pas à leur cacher, d’autant plus qu’ils vivaient sur un perpétuel qui-vive, alertant fréquemment les troupes et bouclant leurs bagages, à la grande surprise des habitants qui, maintes fois, conçurent des espoirs toujours déçus, hélas !…

D’où cela provenait-il ? De ce que la situation stratégique des Allemands était, en somme, très aventurée ; qu’en investissant Paris, ils avaient audacieusement, témérairement, on peut le dire, engagé une partie que, logiquement, ils pouvaient fortement craindre de perdre.

En effet, avec deux cent mille hommes seulement, ils avaient entrepris le siège d’une place abondamment pourvue de défenseurs et dont le périmètre aurait exigé, d’après l’avis des experts militaires, un million d’hommes pour être efficacement investie.