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l’occupation prussienne à versailles en 1870-71.

grand rayon. Ils ont vu, dénombré des troupes françaises munies d’un important matériel, battant les Prussiens, occupant des localités aussi diverses que peu vraisemblables… Ces témoins, soi-disant oculaires, étaient-ils de bonne foi ? On ne peut en douter : ils étaient victimes d’une sorte d’autosuggestion, très fréquente lors des époques troublées. Il n’empêche que les habitants de Versailles ne connurent rien des opérations de l’armée de la Loire, du moins rien de sérieux, et qu’ils ignorèrent presque autant, sauf quelques immédiates conséquences, ce qui se passait dans le camp retranché de Paris. Certes, les Prussiens eurent la main lourde quand ils réquisitionnèrent en ville, parfois aussi, furent-ils ridicules ; mais si, déjà, ils appliquèrent sans mesure des lois impitoyables, on ne peut, même de loin, comparer leur conduite avec celle qu’ils menèrent au cours de la Grande Guerre en pays envahis…

Malgré tout, la vie matérielle ne semble pas avoir été difficile à Versailles pendant l’occupation, car M. Renoult ne se plaint ni de restrictions (sauf pour le gaz), ni de cherté particulière de la vie. Ceci n’est pas surprenant : d’une part, la guerre ne dura que quelques mois ; d’autre part, le nombre, faible relativement, de combattants ne pouvait gravement affecter la production économique de la nation. Toutefois, certains commerçants ne surent pas résister à la tentation de réaliser de sérieux bénéfices. Ces profiteurs ont dû être, en somme, une minorité, car nous pouvons relever, dans le livre de M. Delerot, le coût d’un repas dans un restaurant versaillais for convenable. Pour 2 fr. 50, on avait : Bouillon, Beefsteak aux haricots. Beurre. Pain. Fromage. Vin. Ô tempora !

Dans les notes que nous publions, il sera facile de retrouver ce qui concerne l’état de la presse dans la ville occupée : néanmoins, donnons ici quelques précisions sur deux caricatures allemandes provenant d’extraits de journaux ajoutés au manuscrit qui nous occupe.

La première est bien caractéristique de la grossièreté allemande : elle représente des soldats appartenant à différentes nationalités germaniques donnant le fouet à nu à Napoléon iii, l’Impératrice, le Prince Impérial, Plonplon, Ollivier, Grammont…

La seconde nous montre Bismarck essayant des bottes portant