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les écuries royales de versailles.

courtisans, de pensionnés, d’employés, de serviteurs de tout rang, laissant derrière eux l’immense vide d’une monarchie disparue.

Et cependant, jusqu’au 10 août 1792, Louis xvi eût pu rentrer au Château de Versailles, et Marie-Antoinette à Trianon ; on y était resté prêt à les recevoir.

Une très petite partie de la domesticité, des chevaux et des équipages avait suivi la famille royale à Paris, lors du départ précipité du 6 octobre, qu’on ne croyait point être un départ sans esprit de retour. Pendant longtemps encore, la population versaillaise espéra ce retour et le sollicita à maintes reprises. Le 11 octobre 1790, le bruit s’étant répandu que le roi avait donné l’ordre de démeubler complètement Versailles, une députation de la Municipalité vint trouver aux Tuileries Louis xvi, qui lui dit : « Je sais qu’il y a encore de bons citoyens à Versailles, et je suis étonné qu’ils prennent l’alarme sur quelques arrangements particuliers pour mes meubles. »

Les quatre compagnies des Gardes-du-Corps du roi, que les ordres de Louis xvi avaient condamnées à l’inactivité dans la journée du 5 octobre, avaient quitté Versailles dans la matinée du 6, pour n’y plus revenir ; elles avaient laissé dans leur hôtel de la rue Royale quelques gardes et une quarantaine de chevaux.

Mais les Cent-Suisses gardaient encore le Château et les Trianons ; dans la ville était restée la garde invalide qui avait remplacé, en 1788, les Gendarmes de la garde, réformés par mesure d’économie. Les Gardes-du-Corps de Monsieur et les Gardes-du-Corps d’Artois n’avaient pas quitté Versailles. Les pages du roi habitaient toujours les Grandes-Écuries, et les pages de la reine les Écuries de la reine. Des centaines de chevaux, un nombre considérable de voitures et de chaises à porteurs, des harnachement à profusion occupaient les Grandes-Écuries, les Petites-Écuries, celles de la reine, de Monsieur, de la comtesse de Provence, du comte et de la comtesse d’Artois, où logeait encore tout le personnel des piqueurs, des cochers, des porteurs, des palefreniers, des valets de pied, des postillons, des éperonniers, des armuriers, gardiens de sellerie, sous-piqueurs, bourreliers, maréchaux, charrons, peintres, etc.

Si les gardes-chasses eurent alors une rude besogne, et furent