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LES ÉCURIES ROYALES DE VERSAILLES

1789 — An iii

I

Le 6 octobre 1789, lorsque la famille royale eût quitté Versailles, entraînée à Paris par les hordes de Maillard et les gardes nationaux de Lafayette, qui comptaient dans leurs rangs le sergent-major Lazare Hoche ; lorsque, dans les lointains de l’avenue de Paris, eût disparu le sinistre cortège dans lequel les Gardes-du-Corps démontés suivaient les têtes de leurs camarades, portées au bout des piques, cette conclusion imprévue d’événements si inopinément et si rapidement accomplis plongea la ville dans une profonde stupeur. « Le Roi n’eût pas plus tôt quitté cette ville, pour venir faire sa résidence à Paris, dit une publication de l’époque, que tous les habitants furent frappés d’un étonnement difficile à décrire. On eût dit que Versailles venait de se transformer en une vaste solitude. »

Cette impression ne correspondait pas à la réalité. Dans son Traité de l’Administration des finances imprimé en 1784, Necker évalue la population de Versailles à 60, 000 âmes. Dans ce chiffre était compris ce qu’on appelle aujourd’hui la population flottante, qui se composait de 8, 000 à 9, 000 personnes, attirées par le séjour de la Cour. C’est cette population flottante qui disparut après le départ de la famille royale, pendant les derniers mois de l’année 1789. Le recensement du 28 janvier 1790 accuse une population de 51, 085 habitants.

À un siècle de distance, il semble qu’on éprouve encore aujourd’hui une sorte d’illusion d’optique et qu’on aperçoive, dans cette journée du 6 octobre 1789, les Palais de Versailles, du Grand-Trianon et du Petit-Trianon, les Grandes-Écuries et les Petites-Écuries, les Écuries de la reine et celles des princes, toutes les dépendances de la splendide ville royale qui dominait la cité roturière, abandonnés subitement par leur population de