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augusta holmès.

plus de simplicité. Qu’on se souvienne du Ludus pro patria. La deuxième partie, dans le décor d’une nuit propice et sereine, sous ce titre suggestif : la Nuit et l’Amour, est une évocation fraîche de l’amour-tendresse tel que le chanta Gounod, dont la ligne mélodique trouve même ici sa parente, cependant que la teinte poétique générale, en même temps que le procédé des tierces persistantes, fait songer à Reyer. Le chœur Dans les Bois, dont le thème est annoncé dans un prélude symphonique auquel on ne peut reprocher qu’un excès d’arpèges et de trémolos (destinés, sans doute, à évoquer la présence du rossignol), a de la simplicité, du charme, et les redites en appel passant des voix à l’orchestre, en échos d’une douce insistance, sont d’un fort agréable effet.

En regard de ce morceau de paisible grâce amoureuse, on pourrait présenter telle page violente et sauvage, susceptible de révéler chez la musicienne d’incontestables qualités de force, de mouvement, de rythme, de couleur. Ici reparaît l’outrancière, mais opportunément, et en pleine harmonie avec la farouche évocation qu’elle tente. C’est, par exemple, tout le début de la troisième partie des Argonautes, l’un des ouvrages symphoniques d’Holmès le plus directement et le plus heureusement peut-être, quoique d’une façon très générale, inspiré de Wagner, par l’emploi des motifs caractéristiques, les rappels de phrases-types, les appels héroïques de cuivres, l’enchaînement des épisodes.

Les sorcières, compagnes de Médée en Colchide, procèdent sur une rive déserte, au clair de lune, aux rites du culte d’Hécate, consistant en des incantations magiques, rendues d’une façon très saisissante par l’orchestre et les voix, auxquelles succède une belle invocation de Médée à Hécate. Le transport furieux de la magicienne est traduit avec une réelle puissance, et lorsqu’elle tombe épuisée, ses compagnes échevelées dansent une ronde folle où le délire prophétique atteint son comble.

Le sentiment patriotique fut, après l’amour, une des meilleures sources d’inspiration d’Augusta Holmès. Elle avait, comme nous l’avons vu, deux patries à chanter : l’Irlande, son pays d’origine ; la France, son pays d’adoption. Loin de nous la pensée d’intervenir sur un terrain brûlant. Mais, sans sortir du domaine musical, nous ne pouvons que constater les beaux