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augusta holmès.

d’être complet dans le blâme comme dans l’éloge, d’appliquer à une œuvre sincère un jugement sincère.

Car l’œuvre d’Augusta Holmès fut sincère. C’est la qualité qu’avant tout l’on doit lui reconnaître. Elle est essentielle en art. Elle n’est pas suffisante, mais elle est nécessaire. Elle aide à pardonner bien des fautes. Augusta Holmès la possédait à un degré éminent. Son art est l’expression directe de sa personnalité.

Cette personnalité était nette, accentuée, vigoureuse : autre éloge qu’il ne faut pas craindre de souligner. Et certes la beauté d’une œuvre est liée à la personnalité de son auteur. Elle n’en est pas le corollaire inévitable. Elle est fonction sans être en proporion de la personnalité.

On a justement remarqué[1] que la personnalité était quelquefois plus apparente chez des maîtres de second ordre que chez les plus grands, chez un Mendelssohn, par exemple, que chez un Beethoven. Elle est incontestable chez un Paul Delmet. L’emploi persistant d’une formule suffit à rendre un auteur reconnaissable entre mille, sans qu’on puisse par là préjuger de la qualité de son inspiration. La personnalité d’un auteur est donc, comme on l’a fort bien dit encore, « une curiosité assez intéressante mais nullement esthétique en soi » [2].

Que vaut une personnalité ? Pour une part, ce que valent les sources auxquelles elle a puisé, pour une autre ce que vaut le tempérament qui les a captées, fondues ensemble, adaptées à soi-même. Il n’y a pas d’originalité absolue en art. Un artiste est toujours, esthétiquement parlant, le fils de quelqu’un. Il est même l’héritier de plusieurs. Toute originalité n’est qu’un confluent d’influences. L’apport nouveau d’un artiste n’est intéressant, n’est possible même que par la connaissance et l’utilisation des apports antérieurs dont il apparaît comme un dosage heureux.

Ceci dit, quelles influences ont été susceptibles d’agir sur la personnalité d’Augusta Holmès ? Nous avons vu de quels maîtres elle se recommandait : Wagner, puis Franck. Que doit-elle à l’un et à l’autre ? Quelque surpris qu’on en puisse être, il le faut bien constater : peu de chose.

  1. Jean Huré, dans Dogmes musicaux (Paris, 1909. Éd. du Monde musical).
  2. Ibid.