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augusta holmès.

dont le succès paraît avoir été médiocre et dont il n’est plus guère possible de retrouver la trace.

Découragée du théâtre, elle se tourna vers le concert et y débuta en 1877, chez Pasdeloup, avec un Andante Pastoral qui attira l’attention. Ce furent ensuite deux symphonies dramatiques : Lutèce, couronnée en 1878 au concours de la Ville de Paris ; les Argonautes, qui, après avoir failli valoir à leur auteur la même récompense en 1881, furent en tout cas fort bien accueillis du public des grands concerts. Puis, Irlande (1882), Pologne (1883), Veni Creator (1888), le Ludus pro Patria, ode symphonique en quatre parties, sorte de commentaire musical de la grande composition de Puvis de Chavannes, dont deux auditions furent données en 1888 au Conservatoire, l’Ode triomphale exécutée au Palais de l’Industrie pendant l’exposition de 1889, l’Hymne à la Paix, donné à Florence pour les fêtes de Dante, Au Pays Bleu, suite symphonique pour piano et orchestre, l’Hymne à Apollon, Andromède. Entre temps, maintes mélodies.

Mais elle rêvait de revenir au théâtre. Elle tenta ce retour avec la Montagne Noire. Cet opéra, tentative plus importante que les trois premiers, fut refusé à l’Opéra-Comique, faillit être joué (n’eût été un changement de direction) à la Monnaie de Bruxelles, fut enfin accepté, après maintes tergiversations, à l’Académie Nationale, où il fut exécuté le 8 février 1895. Malgré une interprétation de tout premier ordre (Alvarez, Renaud, Bréval, Héglon), l’œuvre, conçue selon l’ancienne formule, insuffisamment rajeunie par de maladroites imitations wagnériennes, tomba d’une chute lourde dont elle ne se releva plus. Les dernières années d’Augusta Holmès furent cruellement assombries par cet échec, dans lequel il est juste de dire que la cabale entra pour une grande part.

Sans entreprendre ici une analyse plus détaillée de cette œuvre considérable, il paraît opportun d’esquisser au moins une appréciation générale du talent de l’artiste. En étudiant de près cette physionomie séduisante, on ne peut que s’y attacher, et l’on se trouve, au moment de juger la musicienne après avoir admiré la femme, en grand danger d’être partial. Sympathie et conscience artistique entrent en conflit. Il importe cependant