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bernis et la guerre de sept ans.

de notre politique extérieure — ainsi qu’on le verra bientôt, — commence à faillir le rôle qu’il a rempli jusqu’à présent et à lever le germe de ses proches déceptions.

Un même destin allait associer Madame de Pompadour, sans plus de résistance de sa part, aux manœuvres d’une intrigue qui devait finalement aboutir à la ruine de nos armes et à celle des plus ardents de ses propres vœux. Pressé par ses complices, Richelieu se rend, non sans effort, à l’inévitable visite : entre la femme toute de premier mouvement, et dont les inimitiés et les affections s’embrouillent sous l’action du sentiment qui l’étreint tout à coup, et l’homme de Cour, aux rancunes profondes, toujours maître de son jeu et fermé à tout recours sincère, s’engage un colloque poli, de ton contenu, où le Maréchal se disculpe avec douceur du passé. Mais lorsque, aiguillonnée par la passion qui l’obsède, Madame de Pompadour le somme en quelque sorte d’envoyer de bonnes troupes au Prince de Soubise, s’il en est requis, la gêne apparaît sur les traits du visiteur, qui n’entend pas travailler à l’avantage d’un rival éventuel, et, insinue Bernis, « on se sépare plus brouillé qu’on ne s’est retrouvé ». Nonobstant, Madame de Pompadour est prête à sacrifier sa haine au mirage où s’offre à sa vue « le cher Soubise remportant une victoire, s’élevant au Maréchalat, entrant dans les Conseils » ; elle parle au Roi, qui a la faiblesse d’abandonner un serviteur qu’il aime, et le 18 juillet, huit jours avant la bataille d’Hastenbeck, le Maréchal de Richelieu quittait Compiègne pour aller prendre le commandement de l’Armée d’Allemagne.

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« J’ai eu grande explication et toute naturelle avec ce dernier (le Maréchal de Richelieu), mandait après l’entrevue, au Comte de Stainville, revenu de Romme en février 1757[1], Madame de

  1. Avant de quitter Rome, le Comte de Stainville avait obtenu du Saint-Père, le 16 octobre précédent, une Lettre aux Évêques qui adaptait à l’expresse confirmation de la fameuse Bulle de 1713 une interprétation bien propre à ramener la paix dans le Royaume, sur des principes auxquels il n’était permis à aucun parti de s’opposer raisonnablement. Mais l’Encyclique n’ayant satisfait ni le Clergé ni le Parlement, le Roi avait tenu un Lit de Justice à Paris, le 13 décembre, pour éteindre les résistances qui s’étaient produites dans les deux corps contre la Décision Pontificale.