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augusta holmès.

— Je n’en sais rien ; mais si vous faites le nécessaire, soyer sûre que vous serez exaucée. »

Augusta, son amie partie, se fit apporter par sa vieille bonne Marie, qu’on appelait la Sauvagesse, et qui avait un aspect de gitane, le dictionnaire Larousse, afin d’y lire la notice qui y est consacrée à saint Antoine de Padoue.

Deux jours après, Marie allait sonner à la porte de Mme Desvéaux-Vérité pour lui annoncer la guérison de sa maîtresse :

« Madame s’est réveillée ce matin n’ayant plus de douleurs au bras, et elle m’envoie vous le dire et vous remercier. Quel brave homme que ce saint Antoine de Padoue ! Oh ! je retiendrai son adresse… »

Mais, à dater de ce jour, un travail s’opéra dans l’âme d’Augusta Holmès. Elle interrogea son amie sur les dogmes du catholicisme. Celle-ci eut réponse à toutes les objections. Augusta Holmès se laissa doucement conduire. Restait à trouver le prêtre qui serait le mieux apte à achever l’œuvre si bien commencée.

Or, M. Desvéaux-Vérité venait justement de lire un livre du Père Sertillanges, intitulé : Pèlerinage artistique à Florence, dans lequel se trouve un long et beau parallèle entre Michel-Ange et Beethoven. Il conseilla à sa femme de le prêter à Mlle Holmès, devinant qu’elle serait, plus qu’à tout autre argument, sensible à cette compréhension de la beauté des formes par un ministre de Dieu. Ce qu’il avait prévu eut lieu. Dès qu’elle eût pris connaissance de ces pages ardentes, elle alla voir le Père Sertillanges.

Le 8 janvier 1900, M. et Mme Desvéaux-Vérité étaient conviés par Augusta Holmès à la rejoindre dans la chapelle des Dominicains, faubourg Saint-Honoré. À l’heure fixée, comme ils se présentaient, ils trouvèrent close, à leur grand étonnement, la porte extérieure de la chapelle. Ils entrèrent, et que virent-ils ? Leur amie à genoux au pied de l’autel, un voile blanc sur la tête, un cierge à la main. La néophyte les priait de lui servir de parrain et de marraine. Elle s’avança derrière le Père Sertillanges, jusqu’aux fonts baptismaux, solennelle et recueillie, — croyante. Elle joignit désormais dans sa signature, à son prénom d’Augusta, celui de Patricia.