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UNE MUSICIENNE VERSAILLAISE

AUGUSTA HOLMÈS

(Fin.)

Nous retrouvons Augusta Holmès dans un salon parisien qui eut son heure de vogue. C’était une curieuse figure que la femme qui le tenait, cette Nina de Villard qui, née à Lyon, où son père était avocat, avait été peu de temps la femme du journaliste Hector de Callias, mais n’avait pas tardé, son mari préférant au foyer l’absinthe et la vie de bohème, à reprendre sa fortune et sa liberté, en s’installant au no 17 de la rue Chaptal en compagnie de sa mère Mme Gaillard, dont la nature était aussi froide que la sienne était exubérante, mais qui se prêtait, indulgente, à ses fantaisies. Dans cet appartement modeste[1], elle ne tarda pas à réunir à la fin de l’Empire tout ce que Paris comptait de jeunesse ardente et fantaisiste, impatiente d’arriver dans les arts, la littérature ou la politique. On voyait là se coudoyer les poètes parnassiens Villiers, Coppée, Dierx, Mérat, Valade, Mendès et Richepin, — Verlaine et Mallarmé, — France et Forain, Coquelin cadet, les musiciens Cabaner et Ch. de Sivry, Camille Pelletan, maints autres encore.

« Petite, dodue, vive, spirituelle, fort avenante…, folle et rieuse…, cordiale et familière avec tous », parée d’une réputation, assez justifiée d’ailleurs et nullement désagréable aux jeunes fous qui composaient sa cour, d’outrance et d’excentricité ; curieuse de tout, philosophe et sportive, mathématicienne et spirite, amoureuse de poésie, bonne musicienne, virtuose au

  1. Les réunions se poursuivirent dans les logis qu’elle occupa ensuite rue de Londres, rue de Turin, et, pour fini, dans son légendaire petit hôtel de la rue des Moines.