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le site et la croissance de versailles.

de Clagny[1]. L’ensemble est encore fort peu peuplé, les villas dans la partie nord sont très espacées, le bureau de poste qui, sur le plan, est au centre du nouveau quartier, est presque perdu en plein champ, et l’ébauche d’un square fort boueux, sur l’emplacement de l’ancien étang de Glatigny, est en dehors de la zone habitée. On voit là, plus encore que derrière l’église Saint-Antoine, un grand espace vide où les rues tracées, avec leurs trottoirs envahis par l’herbe, attendent encore des maisons. C’est de ce côté que Versailles s’est étendu le plus loin de son centre, mais elle est encore loin d’atteindre le bord du plateau qui pourrait être sa limite nord, comme le plateau boisé fait sa limite sud depuis l’époque de Louis xv.

Moins frappante peut-être sur la carte, la croissance de Versailles vers l’est est aussi remarquable que vers le nord. Il faut distinguer ici la transformation d’un ancien village, Montreuil, et la création d’un quartier entièrement neuf, Porchefontaine.

4o Montreuil.

Nous avons laissé Montreuil en 1789, récemment englobé dans Versailles, petit village de maraîchers comptant très peu dans l’ensemble (3, 000 habitants sur 50, 000 en 1790), et d’ailleurs mal relié avec la ville, dont le séparait la butte Montbauron. Cette situation dura longtemps. En 1861, un habitant de Montreuil se plaignait de voir son faubourg sacrifié, « un vrai labyrinthe », où il fallait faire d’interminables détours pour aller au marché, à l’église, à la gare ou au parc. Montreuil était-il condarmné à rester un village de maraîchers, n’était-il pas plutôt de l’intérêt de Versailles d’y attirer et d’y fixer une riche clientèle parisienne qui y trouverait de vastes terrains pour un quartier de plaisance et de repos dont la création profiterait à l’ensemble de la ville ? Ces idées, inspirées sans doute par les heureux dé-

  1. Autour de la place Laboulaye, un carrefour irrégulier a subsisté près du château de Glatigny (aujourd’hui Petites Sœurs des Pauvres) : on voit là quelques vestiges de la ferme et une impasse de la Ferme qui contrastent étrangement avec tout ce qui les entoure. D’autre part, l’avenue de Cronstadt est oblique à l’avenue de Villeneuve-l’Étant, parce qu’elle prolonge l’ancien chemin de Rocquencourt à Glatigny, et l’avenue de l’Alliance, dans sa partie nord, suit naturellement l’angle rentrant du bois. À l’autre extrémité, entre le ruisseau de Glatigny et la route de Rueil, s’étend un petit quartier triangulaire de villas beaucoup plus modestes, parfois simples maisonnettes, mais bien plus serrées (avenues de Vaucresson, de Montespan, de Maintenon).