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bernis et la guerre de sept ans.

renversant les obstacles qui s’opposaient à leur marche, les têtes de colonnes eurent bientôt dépassé Hastenbeck, d’où l’ennemi se retirait à la hâte ; la cavalerie suivait, impatiente de charger les escadrons qu’elle voyait depuis le matin en bataille sur le plateau en arrière des deux redoutes. Mais déjà l’infanterie déployée ne trouvait plus personne à combattre ; hors de portée, à travers des bouquets de bois, on apercevait quelques troupes de cavalerie qui paraissaient faire l’arrière-garde d’une retraite.

Aux yeux des officiers qui avaient l’intelligence de la guerre, ce repli de l’Armée Hanovrienne annonçait clairement que la colonne de Chevert avait atteint son objectif et, débouchant des bois, menaçait de couper le chemin de Hameln au Duc de Cumberland. Pourquoi faut-il que l’avis d’un péril imaginaire transmis au Maréchal par le Comte de Maillebois l’ait soudain déterminé à ordonner un changement de front sur sa droite, alors que l’issue de la lutte se dessinait si nettement en avant ? À cette question d’ordre technique et s’étendant bien au delà des limites qui s’imposent à notre étude, nous permettrons-nous de renvoyer le lecteur curieux de connaître les péripéties de cette seconde phase de la bataille à l’émouvant récit qu’en a donné l’éminent historien auquel nous empruntons tous ces détails. Bornons-nous à déplorer l’erreur funeste qui a entièrement bouleversé les heureuses dispositions du Maréchal et amoindri l’importance d’un succès d’où pouvait sortir la paix. À en juger, en effet, par les incidents de la journée, la bataille d’Hastenbeck n’a valu au Maréchal d’Estrées qu’une victoire incomplète, et cependant « jamais bataille gagnée n’a eu de suite plus brillantes et plus rapides » [1]. Tandis que le Duc de Cumberland se retirait sur Nienburg et Brème, Hameln se soumettait le 28 juillet, Minden le 1er août, Hanovre le 3, quelques jours après Brunswick et Wolkenbuttel ; tout le Duché de Brunswick, tout l’Électorat de Hanovre étaient virtuellement conquis. Qu’allaient penser Paris-Duverney et ceux qui reprochaient au Maréchal de marcher trop lentement ? S’il avait, à vrai dire, marché trop sûrement au gré de leurs

  1. Le Chevalier de Chabo, Maréchal Général des logis de la cavalerie, à Duverney, 10 août 1757. Pap. Clermont, tome i.