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l’interprétation de versailles


Qu’il sera beau sans nous pour nos fils toujours libre,
Patrimoine sacré qui paya ses soldats
De cette heure où l’adieu sous l’espérance vibre
Et nous hèle le sort allégé du trépas !

Car tu nous as jetés de l’Eden à nos fanges.
Mais ce soir qui descend sur le royal pourpris
C’est ton glaive de feu, ô magnanime archange,
Que tu baisses au seuil du Jardin reconquis !


Versailles, 16 août 1914.

Les journées terribles de l’invasion et celles de la délivrance survinrent tour à tour : les fervents de Versailles s’émurent pour la merveille menacée. Ce fut à l’historien de sa création, à l’évocateur de son passé, à l’artisan de sa résurrection, qu’il appartint de veiller sur elle à l’heure des pires angoisses. Et, pour célébrer le triomphe libérateur, M. Pierre de Nolhac se rappela qu’il n’avait pas cessé d’être un poète parfait[1].

VERSAILLES TRIOMPHANT

La France d’autrefois a laissé son image
Faute de pierre et d’eau, de marbre et de fleurs ;
Versailles lui compose un livre de grandeurs
Où l’art de ses enfants l’exalte à chaque page.

Par lui sous notre ciel s’attestent d’âge en âge
Les grâces d’un génie où se prennent les cœurs ;
La volonté d’un seul ordonna ces splendeurs
Et le pays entier se mire en son ouvrage.

Mais ces Français vaillants dont nous sommes les fils
Savaient entremêler les lauriers et les lis ;
À cueillir la victoire ils excellaient naguère ;

Et l’on voit, aux plafonds que Le Brun déroula
Du Salon de la Paix au Salon de la Guerre,
L’Allemagne trembler lorsque Turenne est là.


VERSAILLES SAUVÉ

L’été resplendissait au miroir des fontaines ;
Le triomphe des eaux chantait dans les conduits ;
Aux degrés du palais, le parterre et les buis
Unissaient les parfums qu’avaient aimés les Reines.

  1. Pierre de Nolhac : Vers pour la Patrie. 1 vol. in-8o (Émile-Paul), 1920.