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madame de pompadour

reprenait sa marche vers le nord pour se porter à la rencontre de l’ennemi.

Sur un front parallèle au Weser, irrégulier, et dont le village d’Hastenbeck, fortement relié à deux puissantes redoutes, formait le centre, sa droite établie sur une colline abrupte qui, s’étendant jusque sous le canon d’Hameln, constituait un rempart naturel, sa gauche sur des hauteurs fort fourrées et coupées d’escarpements qui semblaient les rendre inaccessibles, l’Armée Hanovrienne pouvait se croire en état de résister aux plus rudes attaques[1]. Résolu cependant à la tourner par ces hauteurs mêmes, le Maréchal confiait à Chevert, après avoir communiqué dans la soirée du 25 ses intentions aux Lieutenants Généraux de l’armée, le soin d’exécuter le lendemain, dès l’aube, cette délicate besogne, en mettant à sa disposition ses meilleurs régiments d’infanterie. Pour aider à l’opération, il prescrivait au Marquis d’Armentières de suivre avec les brigades de sa réserve la lisière du bois au fond desquels s’enfoncerait Chevert et de seconder par une attaque de front ses mouvements sur la gauche et les derrières du Duc de Cumberland. Vers les neuf heures du matin, au bruit de la canonnade passant par-dessus les bois où s’était jeté Chevert à la pointe du jour, la brigade de Champagne, que le Maréchal avait gardée auprès de lui, reçut l’ordre de se porter sur les redoutes adverses, battues en brèche depuis plusieurs heures par notre artillerie. Après de vigoureux efforts, grenadiers et fusiliers parvinrent à escalader la grande redoute, à la conquérir et à s’y établir définitivement ; ce fut alors aux corps du centre et de la gauche, commandés par le Marquis de Contades et le Duc de Broglie, de marcher en droiture sur le village d’Hastenbeck, selon les instructions du Maréchal. Trois colonnes formées, la première du régiment du Roi avec dix autres bataillons, la seconde de six bataillons des grenadiers de France et Royaux, la troisième de huit bataillons de la réserve du Duc de Broglie, se précipitèrent à la fois dans l’étroit espace — 300 toises à peine — qui séparait le village de la grande redoute. Vainement l’artillerie Hessoise tenta de les arrêter à coup de mitraille :

  1. Journal Hanovrien de la campagne de Hanovre, du 24 juillet 1757. (Archives du Dépôt de la Guerre.)