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l’interprétation de versailles

Princesses de sang bleu, dont l’âme d’apparat,
Des siècles, au plus pur des castes macéra.
Grands seigneurs pailletés d’esprit. Marquis de sèvres.

Tout un monde galant, vif, brave, exquis et fou,
Avec sa fine épée en verrouil, et surtout
Ce mépris de la mort, comme une fleur, aux lèvres !


iii

Mes pas ont suscité les prestiges enfuis.
Ô psyché de vieux saxe où le Passé se mire…
C’est ici que la reine, en écoutant Zémire,
Rêveuse, s’éventait dans la tiédeur des nuits.

Ô visions : paniers, poudre et mouches ; et puis,
Léger comme un parfum, joli comme un sourire,
C’est cet air vieille France ici que tout respire ;
Et toujours cette odeur pénétrante des buis…

Mais ce qui prend mon cœur d’une étreinte infinie,
Aux rayons d’un long soir dorant son agonie,
C’est ce Grand-Trianon solitaire et royal,

Et son perron désert où l’automne, si douce,
Laisse pendre, en rêvant, sa chevelure rousse
Sur l’eau divinement triste du grand canal.


iv

Le bosquet de Vertumne est délaissé des Grâces.
Cette ombre qui, de marbre en marbre gémissant,
Se traîne et se retient d’un beau bras languissant,
Hélas ! c’est le Génie en deuil des vieilles races !

Ô Palais, horizon suprême de terrasses,
Un peu de vos beautés coule dans notre sang ;
Et c’est ce qui vous donne un indicible accent,
Quand un couchant sublime illumine vos glaces !

Gloires dont tant de jours vous fûtes le décor.
Âmes étincelantes sous les lustres. Soirs d’or.
Versailles… Mais déjà s’amasse la nuit sombre,

Et mon cœur tout à coup se serre, car j’entends,
Comme un bélier sinistre aux murailles du temps,
Toujours, le grand bruit sourd de ces flots noirs dans l’ombre

Octobre 1894.

Après Albert Samain vint M. Henri de Régnier. L’un et l’autre avaient collaboré aux jeunes revues dont la publication